En 1999, Arthur Nauzyciel signait à Lorient sa première mise en scène : Le Malade imaginaire ou le silence de Molière. Il y interprétait Diafoirus fils. Deux décennies plus tard, pour la reprise de ce spectacle fondateur, le voici dans le rôle de Diafoirus père. À ses côtés, une actrice et un acteur eux aussi présents à l’origine : Catherine Vuillez et Laurent Poitrenaux. Le trio s’entoure de sept interprètes, qui ont été leurs élèves à l’École du Théâtre National de Bretagne. On le voit, tout est ici affaire de transmission, de passage de relais. Le point de départ et d’aboutissement du Silence de Molière est la gure énigmatique de la fille de Molière, Esprit-Madeleine Poquelin. Son existence fut révélée au XXe siècle par Giovanni Macchia qui présenta son travail biographique sous la forme d’une interview imaginaire. Arthur Nauzyciel insère ce texte au cœur de ce Malade imaginaire qu’on croyait si bien connaître et qui acquiert une dimension nouvelle, intime et secrète, faite des liens père/fille, maître/élève, metteur en scène/acteur. La pièce révèle comment et pourquoi Molière l’a écrit, c’est-à-dire pour se réconcilier avec lui-même et ses proches, accepter l’idée de sa mort, conscient que rien ni personne ne lui succèderait, si ce n’est le mythe légendaire d’une mort en scène. « Le Silence, dit Arthur nauzyciel, c’est l’histoire d’une fille qui a dit ʺnonʺ à sa famille, son père et son nom. Le Malade, c’est l’histoire d’un homme qui meurt au théâtre en rêvant que sa famille lui pardonne d’être né Poquelin et de mourir Molière. »