Pour un interstice paysager

Emma Bourgin et Léonard Nguyen Van Thé
Commissariat Ariane Leblanc et Pierre Simon


Du 11/10/2019 au 14/12/2019

Théâtre d’Hérouville, Panorama
du lundi au samedi de 14h à 18h

Vernissage :

Samedi 12 octobre
Balade, départ de l’ésam à 15h arrivée à 17h à la Comédie de Caen
Vernissage à 18h avec une présentation de l’exposition.
Finissage le 14 décembre

Outre l’ornement des jardins à la française, certaines variétés d’arbres et de plantes sont aussi utilisées dans l’architecture pour leur symbolique spirituelle. Monument de protection historique, l’if est un arbre principalement planté dans les cimetières. Il représente l’arbre de la mort. Doué d’une vie prodigieusement longue, il peut aussi comme beaucoup de plantes funéraires, constituer une promesse d’immortalité. Aujourd’hui, l’if sauvage se trouve principalement dans des endroits peu accessibles aux êtres humains. Presque partout, l’humain l’a détruit pour utiliser son bois pour la construction d’armes et son feuillage pour la  réalisation de poison. Si l’analyse biochimique de sa sève particulièrement rouge montre qu’il est en effet extrêmement toxique, paradoxalement son poison contient une molécule active qui peut soigner du cancer.

À première vue, la Comédie de Caen a des faux airs de requin marteau ou de champignon stylisé. Ses deux barbacanes larges comme les lettres qui nomment le théâtre font de l’ombre au titre. Quand on regarde plus bas, une grande bow-window ressemble à une orangerie ou une serre à la laquelle les plantes manquent quelque peu. Le parvis est pris en tenaille avec deux jardins qui ne communiquent pas. Seules les formes évoquent un esprit très classique. Les topiaires d’ifs semblables à de grandes canines se répètent. Elles rythment et relient mais nous emmènent ailleurs, soit vers l’entrée de l’hôtel de ville soit vers la Promenade  douce. Cette dernière, séparée par une allée carrossable du jardin des ifs, barre l’accès à la baie vitrée. On aurait envie que ça bouge, de voir ces ifs devenir fous et changer de forme pour arrêter le regard et provoquer ainsi la curiosité. Il pourrait même y en avoir des dorés. Après tout, 2019 n’est-elle pas une année jaune ? Si l’if est pollinisé par le vent, la plupart des fleurs le sont par les abeilles. Nous avons suivi sa fragile trajectoire tantôt en équilibre sur l’achillée millefeuille tantôt  plongeant au coeur d’un géranium des marais. Cette flânerie active entre l’École Supérieure d’Arts et Médias de Caen et la Comédie de la même ville située à Hérouville nous a conduit à effectuer diverses rencontres. Rejets de la terre et du bitume, morceau de section de rail et boulon démesuré se réveillent dans l’espoir qu’on leur raconte une autre histoire .

Emma Bourgin et Léonard Nguyen Van Thé

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