Terairofeu

« Il est des heures dans l’enfance où tout enfant est l’être étonnant, l’être qui réalise l’étonnement d’être », écrit Gaston Bachelard dans Poétique de la rêverie. Marguerite Bordat et Pierre Meunier aiment à citer le philosophe dont une partie de la réflexion s’est organisée autour des quatre éléments, de l’enfance et du rêve. Terairofeu, c’est tout cela. La compagnie La Belle Meunière poursuit ainsi son dialogue avec le jeune public à partir d’un constat : pour les enfants d’aujourd’hui la terre, l’air, l’eau et le feu sont devenus des éléments hostiles qui ne font plus rêver. Le spectacle se propose de renverser cette approche en déployant un imaginaire positif. tout commence par une fille et un garçon – interprétés par deux jeunes comédiens rencontrés lors de stages-ateliers. Livrés à eux-mêmes, ils jouent au milieu de bouts de plastique, de ferraille, cartons, moteurs électriques, autrement dit bien loin des éléments naturels. Mais peu à peu une mémoire ancienne leur revient. Ils cherchent alors à retrouver les sensations procurées par les quatre éléments. Ils inventent un rituel imaginaire, et afin que cette rêverie opère sur le public, des bancs sont disposés en tri-frontal, ouvrant un espace en fer à cheval qui permet le déploiement de matières et l’exécution de mouvements les plus divers. Cette proximité produit autant de sensations qu’il y a d’éléments. Un travail d’accompagnement et de composition sonores élaborés durant tout le processus de création contribue de manière décisive à ce réveil des sens.