Les Géants de la montagne

Le magicien Cotrone et ses « Guignards » vivent à l’écart de tout, dans une villa où règnent les pouvoirs de l’imaginaire, de la magie et de l’irréel. Un jour, la comtesse Ilse et sa troupe de comédiens viennent y trouver refuge… À la fin de sa vie, Pirandello écrivait des pièces qu’il baptisait « mythes », convaincu que l’humanité en crise avait besoin de faire retour au mythe. Avec Les Géants, il pose la question cruciale de la civilisation moderne : qu’avons-nous fait de la réalité ? Aux yeux du dramaturge, le matérialisme et l’athéisme ouvraient un chemin infiniment prometteur vers une paix nouvelle par-delà les limites de l’humain. Il était demandé aux artistes d’être les premiers à s’y engager, sauf à être massacrés. Mort en 1936, Pirandello n’a pu terminer Les Géants de la montagne. En 1947, Giorgio Strehler, s’autorisant de cet inachèvement, insère dans la pièce un texte écrit par le fils de Pirandello, Stefano, qui livre le dénouement tel que le lui aurait raconté son père. Marie-José Malis, directrice du théâtre de la Commune, prend acte et s’interroge à son tour : Pourquoi de grands créateurs ont-ils imaginé, au soir de leur vie, qu’il se pourrait bien que les artistes n’aient qu’à « crever », comme dans le titre d’un spectacle de Tadeusz Kantor ? Car telle est bien la leçon du magicien Cotrone aux artistes : vous n’êtes pas prêts à rencontrer le peuple parce que vous ne prenez pas au sérieux son besoin de signes. Quant à la villa des Géants, elle représente pour la metteuse en scène le siège même de la pièce, pas encore un théâtre mais déjà le lieu qui prépare le théâtre futur.