N°27 – QUE PENSEZ-VOUS DE LA DÉMULTIPLICATION DES BASKETS ?

Restitution du laboratoire de formation dirigé par Sonia Chiambretto et Yoann Thommerel

Depuis sa première utilisation à Venise en 1516, où il désigna d’abord une petite île où l’on obligea les juifs à résider, le mot « ghetto » n’en finit plus de désigner par extension. Tous les quartiers assignés aux juifs en Europe d’abord, les quartiers noirs aux USA ensuite, puis, partout dans le monde, tout quartier dans lequel se trouve une forte concentration d’une minorité, qu’elle soit ethnique, culturelle ou religieuse, qu’elle soit là par choix ou par contrainte.

S’ajoutent, par extension toujours, les connotations de grande difficulté et de ségrégation sociale, ou de réclusion. Sans oublier bien sûr un environnement urbain caractérisé. Le « ghetto » convoqué singulièrement ces dernières années dans les champs de l’art, des médias et du discours politique devient par extension un puissant générateur de fiction, un mot-caméléon qui sait aussi se teinter d’acceptions valorisantes : « Tes baskets sont trop ghettos ! ».

La recherche que nous menons ensemble sur le plateau se veut avant tout une traversée collective dans l’histoire de cette dérive terminologique, une plongée dans ce qui est devenu une béance de la langue. Nous prenons alors pour point de départ le Questionnaire élémentaire, questionnaire poétique et frontalement politique, que nous avons coécrit en lien avec le Groupe d’information sur les ghettos (g.i.g.). Nous l’augmentons : récits, témoignages, images vidéos, litanies… Nous l’activons dans l’espace de jeu à partir de nos expérimentations.

Sonia Chiambretto et Yoann Thommerel