Le Monde et son contraire
journal de création

Tout a commencé par un appel d’Élise Vigier fin octobre 2020. Les premières représentations du spectacle n’ont pas lieu. Ensemble, nous posons les bases d’un journal sonore sur l’ensemble de la période de répétitions aux Plateaux Sauvages à Paris. Un peu reporter détective en immersion dans « Le Monde et son contraire », j’écoute, j’observe, j’enquête. Chaque personne de l’équipe – les artistes et la technicienne – s’empare de l’outil sonore comme elle le souhaite. Confidences, notes de travail, pensées sur le monde, instantanés de répétitions, lectures, interview, musiques du spectacle… : je collecte les sons. Où vont-ils nous mener ? A moi de jouer pour métamorphoser tout cela et composer les pages d’un journal de création. Je laisse la matière imposer sa forme, le reportage se tisse à la fiction. Les tout premiers épisodes sont réalisés sur le vif, les autres avec un peu plus de recul. Ma seule intention est d’être fidèle à l’esprit, imprévisible et joyeux, du travail en fabrication. Des nuits d’insomnie et des deuils, l’évolution de la pandémie, le deuxième confinement, les élections américaines, l’annulation répétée des spectacles : plus nous avançons, plus les mots de Kafka qui se jouent dans l’intimité d’un théâtre fermé résonnent avec notre monde. Plus aussi la nécessité du public se fait présente face à des chaises vides. Chaque épisode représente un écho sensible au spectacle. Comme autant de fragments pour le raconter… Et dans son ensemble, le journal trace un parcours qui documente ce moment si étrange et contradictoire de notre histoire intime et collective. Prolongeons l’expérience, écoutons ce que les mots de Kafka et de Leslie Kaplan ont à nous dire. Laissons nous porter par les voix et les imaginaires de ceux qui les incarnent – une équipe au travail, coûte que coûte ! Bonne écoute !
Perrine Malinge

Remerciements à Élise Vigier Leslie Kaplan, Marc Bertin, Jim Couturier, Clara Pannet, Manusound et Marc Sens, Laetitia Guédon et Jean-Baptiste Moreno.