D-Day

D-Day est né de circonstances particulières. Nous étions invités dans le cadre des « Esquisses » du Théâtre de la Chapelle Saint-Louis. Nous y avons présenté une petite forme à partir de ce qui nous était alors donné, en l’occurrence le théâtre et son histoire, Rouen et la Normandie, la place de la Rougemare et ses arbres, mais aussi la date de création, le 6 juin, fameux jour du Débarquement. Autant d’éléments que nous avons mêlés aux inspirations des acteurs et à l’histoire même de notre compagnie.

Cette proposition nous a amené à nous poser différentes questions : comment s’imprégner d’un lieu et de son histoire ? Comment débarquer quelque part et y laisser une empreinte ? Nous y avons répondu par le prisme de l’enfance et de l’innocence. Nous avons joué des regards et des points de vue étrangement naïfs des acteurs, rendant la réalité particulièrement malléable et déconcertante. Avec eux, les barrières tombent et chaque découverte est une petite joie. L’invisible ou l’impossible n’existent plus vraiment. Tout est spontané. Le temps est plus intuitif, la question du sens plus souterraine, et tout ce qui est banal peut redevenir extraordinaire.

Plus tard, nous avons été invités à reprendre D-Day dans des villes riches d’autres histoires. L’adaptation, toujours de mise, nous a amené à présenter des D-Day Différents, mais qui restent à chaque fois des expériences de Décodage, de Digression, de Désir… Et l’occasion toujours d’explorer les risques de la Dérive, la fragilité du Devenir, la poésie du Doute…

C’est précisément ce qui se passe aujourd’hui pour nous à la salle de l’échiquier du château de Caen. Quelque part, D-Day reste un jeu de pistes, une création perpétuelle, nous permettant d’atteindre peut-être, qui sait, ce formidable accomplissement, ce fameux Jour J. Le rêve de ce qui n’arrivera sans doute jamais.
 Une sorte de plénitude. D-Day, comme ce vers quoi on tend, ce après quoi on court. Une quête paradoxale, reliant passé et présent, mémoire et renouveau.
 Une proposition que nous espérons ludique et absurde, drolatique et gracieuse, tangible et vulnérable.

François Lanel

A noter : le spectacle étant programmé au Château de Caen, venez chaudement habillés.